L'enfer... que tu te crées

Bien peu de personnes dites compétentes et qualifiées pour soigner les victimes d anorexie ne peuvent touche du doigts ne serait ce qu'une demi seconde l'enfer dans lequel on est enfermé.

Quand on me demande ce que c'est que l'ano, je n'ai pas d'autres mots : l'enfer. La peur constante de ne pas depasser sa dose de calories journalière qu'on s'autorise, l'angoisse de ne pas avoir le temps de faire son sport, l'energie demandée pour faire semblant auprès des autres, se tenir debout, ecouter, répondre.... Je me rappelle plusieurs choses pendant mon anorexie : revée que je mangeais plus que je n'avais calcule et me jeter de la fenetre (dans mon rêve), me lever vers 4h du matin pour de vrai et faire une heure de course sur place dans ma chambre en priant pour ne pas faire de bruit et reveiller la baraque.... ANGOISSE permanente. On est bourré de peurs. pourquoi? ben en fait, si je vous le dis, vous ne me croirez peut etre pas, parce que moi même j'ai mis tellement de temps à l'accepter : c'est simplement hormonal et chimique , moins on se nourrit, plus on crée du cortisol (l'hormone du stress) qui s'apaise avec le sucre, donc autant vous dire qu'il ne s'apaise jamais chez nous, et pire à force d'en produire, le corps s'habitue et on en devient accroc. D'où le mal etre quand on commence à se renourrir parece que le cortisol baisse dans le corps, et comme un bon vieux drogué qu'on est à cette substance, ben on est "en manque", on est pas bien, on a envie de tout jeter... et generalement, on va compenser avec du sport, qui est une enorme source de stress (de cortisol!) pour un corps décharné, et hop, c'est reparti. je m'arrete là pour le côté scientifique, si vous voulez creuser, cherchez du cote de Youreatopia, Tabarrah, Ray peat...

A l'epoque, je savais que je vivais à côte de mes pompes, que je n'etais pas vraie, que j'etais une actrice de ma vie sans la vivre pleinement : mais j'avais plein de raisons à ça! ben oui, c'etait de la faute de mes parents, c'etait de la faute de la société, on me demandait d'etre parfaite... putain mais c'est qui "on"??? J'ai pris une grosse claque un jour, apres 10 ans d'ano à peu pres. Pour la faire courte, j'ai tjs été attirée par l'esoterisme, puis je me suis specialisée dans la phyisique quantique (tu crees ta realité) et j'ai lu, je me suis formée ect. Et je commençais à en avoir marre de se bordel (il etait temps), et en farfouillant sur le web, je suis tombee sur le site de Chantal Attia : https://www.chantalattia.com/

J'accroche au concept et comme de toutes façons je n'ai rine à perdre, je me paie un rdv skype. Super sympa, elle me demande de raconter mon malheur : je lui déballe tout, que je suis hyper malheureuse, que le vie est un enfer, que tout est de la faute de... elle m'ecoute religieusement, et quand je me suis epuisée en parole, elle me dit " ok, super tes histoires que tu te racontes, t'es une super narratrice bravo. écris des livres. T'as pas compris que c'est toi toute seule qui te crées ton enfer? t'es pas une victime, il suffit juste que tu changes le scénario" Mais elle est conne ou quoi? elle n'a pas ecouté tout mon laius sur mon pauvre petit etre depourvu de tout?? mais je suis une put... de victime, moi je n'ai rien demandé... je suis à deux doigts de : 1-lui rentrer dans la gueule parce que là je suis super enervée / 2- lui raccrocher au nez. Elle a du le sentir, et elle me dit "Melanie, qui vous demande tout ça, qui vous oblige à faire ce que vous faites? " Ouais. Je reflechis deux secondes. Pas de reponse. Suite à cet échange au combien dérageant pour moi, mon subconscient a cogité tout seul les jours suivants. Il suffit de changer le scénario... en fait oui, elle avait raison, personne ne m'a jamais demande de ne rien mangé, de faire deux heures de sport par jour, d'etre la meilleure au travail..... A part moi.

Et voilà un grand pas dans le processus de recovery : c'est moi la seule responsable de mon anorexie, même si l'environnement perso a certains contribué au fait que je developpe ma psychose, certes, mais c'est moi qui est décidé d'y répondre comme ça, avec l'ano.

Apres ça, j'ai commencé à essayer de changer le scénario : je me suis littéralemet focée plusieurs fois par jour à sourire, à rigoler. Oui, forcée, parce que depuis les années précédentes, ça ne faisait pas partie de mon quoidien. Idem, à la question "ca va?", je suis passee de "bof, pas top blabla.." à "oui super, et toi?" La tete de mes collègues... un truc soit dit en passant : ce qui est compliqué aussi c'est que quand tout va mal, les gens t'aiment bien et sont super présents, par contre quand tu leur dit que ça va super, ben d'un coup tu n'interesses plus personne... tu perds ton statut de victime. ET c'est un peu déroutant : ben oui, tu sors de ta zone de confort.

et à force de faire semblant, (il faut s'accrocher, mais si on y met la meme volonté que celle pour ne pas manger, hein..), je vous jure que c'est vrai, ça devient naturel, on ne se force plus. Il y a une phrase en anglais que j'adore "fake it 'til you make it". c'est exactement ça.

bref, un post un peu long pour vous narrer mon experience, à vous de vous faire votre propre opinion, car personne à part vous ne peut penser/agir pour vous :)