Cet irrépressible besoin de bouger!
Pourquoi ce besoin permanent de bouger ? pour cette addiction au sport ?
Vous ne savez pas vous poser, vous avez besoin contamment d’être en mouvement. Vous faites du sport, quelqu’il soit, et vous vous devez de le faire, et si vous n’arrivez pas à faire le nombre de minutes/heures/km que vous vous imposez vous explosez littérallement de rage ?
Bon, soyons honnêtes, ce n’est pas un comportement « raisonnable », dans le sens de la raison. Ce n’est pas « sensé » si vous voulez. Parce que concrêtement, si quelqu’un vient sonner à votre porte pendant votre sport, ou vous appelle et que vous devez decrocher et donc faire une pause dans votre session, so what ? et alors ? que se passe t’il ? le monde s’arrête de tourner ? vous prenez de suite 15 kilos (et quand bien même) ?
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Alors, pour ma part, ca a été la partie la plus délicate à mettre de côté pour guerir…. Ca a été un réel challenge la 1er fois que j’ai tenté la remission en 2015, ça faisait partie de ma vie depuis 15 ans, une vraie addiction. Je me levais des fois à 4h du mat pour etre sure de pouvoir faire mon stepper… les vacances, je trouvais toujours une methode de compensation :manger moins, nager, des promenades interminables….
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Il faut savoir que la methode que j’ai suivi et que je suis actuellement, Minnie maud (aujourd’hui Homeodynamic recovery method / https://www.edinstitute.org/) interdit le sport, et même quelqu’exercise que ce soit. OU, même les methodes de compensation « transparentes » : gigoter les pieds, rester debout longtemps, faire les tâches menageres debout…). Pour ma part, avec mon quotidien, je ne peux pas ne pas faire à manger, repasser ect, mais contrairement à avant je me simplifie les choses et fais le strict minimum.
Le sport, c’est ce qui me faisait planer, me faire sentir super bien juste apres une séance, mais pour etre honnête beaucoup moins apres l’effet endorphine (crevée). Je me rappelle très bien de journée où je cumulais menage, courses, promenades et sport….je ne sais même pas comment j’ai tenu…
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Ma 1ere reflexion autour de ce besoin quasi vital de « bouger » tournait autour justement de cet effet endorphine. J’ai toujours pensé que ces endorphines compensaient avec le manque de neurotransmetteurs dû au manque de nourriture. En effet, moins on nourrit son corps moins le cerveau est nourri de neurotransmetteurs (qui nous font nous sentir bien grâce au GABA, L dopamine ect…). Et puis ça permet aussi d’avoir du temps pour ne pas penser, pour ne pas sentir sa faim, pour ne pas penser à la nourriture, ect.
J’ai trouvé une explication beaucoup plis interessante en suivant le blog de Tabitha Farrar, specialiste de l’anorexie chez les adultes (étant passee par là également)…. Comme quoi le fait d’avoir vecu tout ça est beaucoup plus pertinent que les conseils d’un docteur qui ne sait ni ne comprend ce qu’on vit vraiment. Elle s’appuie sur une étude de Shan Guisinger, qui explique que ce besoin de bouger sans cesse est liée au phenomène de migration de nos ancètres, qui fuient la famine. Elle explique que les symptomes tels que la restriction alimentaire, hyperactivité, le deni de la famin sont le reflet des mecanismes d’adaptation qui facilitaient la migration des peuples en cas de famine locales, pour aller chercher de la nourriture ailleurs. Pour marcher plus vite, mieux vaut etre léger et ne pas être tenté de s’arreter dans des endroits avec juste un peu de vivres mais pas assez pour le long terme. Et donc ces hommes affamés migraient constamment. D’où cette peur aussi de manger, au cas où on s’arreterait trop lontemps dans cet endroit fournissant peu de nourriture et qu’on n’avait pas l’energie de repartir apres s’etre substancé un peu et mourir là…. Bon, c’est compliqué à resumer, mais quand on le lit c’est vraiment pertinent. Voilà le lien : http://www.adaptedtofamine.com/2009/08/an-evolutionary-explanation-for-anorexia/
Ce qui est super interessant également, c’est sa definition de l’anorexie comme une anomalie génétique : en fait, une personne lambda au regime, lutte contre sa faim, c’est une torture. Et au bout de quelque temps ça ne sera plus tenable, son corps va vouloir récuperer toute l’energie qu’il n’a pas reçu durant cette diète et hop la personne ve se jeter sur la nourriture. D’où l’effet yoyo.
Mais pour un personne qui a ce drole de gêne comme moi, moins je mange plus je plane, mieux je me sens. Et ça peut durer… des années. Shan Guisinger explique que ces personnes declenche ce gène apres une perte de 15% de leur masse corporelle. Etonnant et captivant.
Alors certes, peut etre qu’il existe des facteurs psy, qu’on a vécu gamin ou pas d’ailleurs, qui explique aussi cela…. Toutefois, si une de mes amies avait vécu la même vie que moi, je ne pense pas qu’elle serait devenue anorexique, mais ce n’est que mon opinion J
Donc cette addiction au sport et au mouvement pourrait nous venir de nos ancêtres, pour ceux qui ont ce gène spécifique.
Comment s’en débarrasser ?
Pour ma part, c’est la partie qui a été la plus rude de ma remission. Beaucoup plus hard que de manger plus. Un vrai défi personnel.
J’ai toujours fait du sport, toujours, et j’ai hérité des croyances familales du « tu dois faire du sport pour ton poids ». Et généralement, avec ces croyances là, on suit les sports qui soit disant y permettent d’y répondre : le cardio. Donc, j’ai beaucoup couru, mais sur place dans ma chambre, des heures. J’ai fait du HIIT, hyper cardio. J’etais épuisée. De plus, pour info, le cardio est le seul sport le plus inefficace sur le long termer : le corps devient efficient, c’est-à-dire qu’il apprend à consommer moins de calories sur le long terme surtour si vous faites des marathons. Ce sport finit même par consommer vos muscles au lieu de les developper : il suffit de comparer la morphologie des marathoniens et ceux des sprinters. Idem, bonjour hypothyroïdie, baisse du métabolisme de base…Ok ? pour plus d’infos là-dessus : http://www.billycraig.co.uk/blog/category/exercise
Bref, j’ai arrêté du jour au lendemain. Avec deux conséquences que je n’avais même pas imaginées :
-une fatigue de malade, léthargie
- beaucoup de temps libre sans savoir comment l’occuper.
Et bizarrement, au bout de quelques jours, ça ne m’a plus rien fait, je n’avais pas envie, j’etais juste fatiguée. Et le plus dur ça a été d’occuper ce temps, tout ce temps, alors même que je ne sais pas ce que j’ai envie de faire (oui, savoir ce que j’aime faire, mes passions… je ne sais plus qui je suis, mais ça ferait l’objet d’un autre post). Donc les 1ers jours, j’ai été faire des courses, un peu de ménage, après j’ai commencé à proposer à ma fille de faire quelque chose avec elle. On a fait des activités manuelles : ce n’est pas magique, mais c’est fou ce que ça occuper l’esprit et ça ancre dans le moment présent…
Je ne dirai pas que je suis devenue fainéante, mais c’est très bizarre : quand je pense à quand je pourrais me remettre au sport, je n’ai plus du tout envie d’être dans la souffrance…. Aujourd’hui, je ne sais pas si je referai du sport comme avant, je sais que j’aime me promener…. D’autant plus que trèsv clairement, avec les années je me connais : si je mets le doigt dedans, je vais toujours en vouloir plus, en faire plus. Comme un alcoolique sevré qui reprendrait un verre d’alcool pendant une soirée.
Maintenant, avec le recul, je revois la pression que je me mettais pour arriver à l’heure chez moi pour faire mon sport, quitte à partir plus tôt du boulot, à ne pas embrasser mon mari en rentrant histoire de ne pas perdre une minute de sport…. Comme si ma vie en dépendait. C’est en ça que ça me fait penser aussi à cette histoire de migration contre la famine, comme élan de vie, comme si ta vie en dépendait.
Ce qui est finalement très paradoxal, c’est cette peur de lâcher sur le sport, cette angoisse incroyable qui prend aux trippes…. Et ce rendre compte qu’au bout de quelques jours, ça ne nous fait plus rien….
Encore une fois, je l’experimente : c’est la même chose avec le lacher prise alimentaire, c’est ce qui nous fait le plus peur qui est en fait ce qui va nous sauver la vie !!
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