les effets de l'anorexie au quotidien
Voici une petite liste non exhaustive des effets liés à l'anorexie, qui contribue gentiment à faire de notre envie un enfer.... Je ne sais pas si vous partagerez.....
Peur de manger trop
La reine des peurs ! avec l’anorexie, le cerveau interprete la nourriture comme une menace. Si on s’appuie sur le theorie de la migration, le cerveau perçoit la fait de manger plus qu’un tout petit peu pour survivre et continuer à migrer comme un obstacle pour pouvoir migrer et donc survivre. Le moins vous vous arretez pour manger, le plus vite vous atteindrez votre point de chute migratoire où la nourriture en abondance vous attend. Pour votre cerveau, vous devez vous bouger le plus possible (d’où l’hyperactivité et le refus catégorique de ne « rien faire ») et manger le moins possible pour arriver à votre survie. ET il utilise la PEUR pour vous motiver à manger le moins possible.
Et c’est problématique parce la peur de ne peut pas survivre écrase toutes les autres émotions et désirs (comme manger) car le cerveau valorise la survie plus que tout.
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Peur de prendre du poids
Idem, si on prend la theorie de la migration, ça fait sens : plus de poids =moins de vitesse et donc moins de chance d’arriver au point de survie… alors même si logiquement vous reconnaissez que vous avez besoin de reprendre du poids, la peur viscérale de ne pas survivre prend le dessus sur la logique.
Or, c’est souvent interprété par l’entourage comme de la vanité, le desir de ressembler aux filles des magazines… alors que, enfoncée jsuqu’au cou dans l’anorexie, je n’avais plus aucune image de moi-même, je me foutais totalement de mon apparence, tout ce que je voulais c’était ne pas manger…
Peur de rester inactive
Là encore, pour des animaux migrateurs, on ne doit pas rester sur place, on doit y aller, go go.
Jamais, jamais on ne se pose. Si pour dormir. Sinon, on evite la position assise de toutes ses forces, c’est même ressenti comme « vital ».
Quand, apres un deficit energetique conséquent, l’anorexie est activée dans notre cerveau, chez ceux qui comme moi ont un syndrome « migratoire », le cerveau distribue le peu d’energie à nos membres pour la migratiobn à venir à la recherche de nourriture abondante. Et le corps est ainsi convaincu que nous devons marcher vers le point de survie, où tout la nourriture se trouve.
Alors, pour etre honnete, ça a été la partie la plus dure de ma recovery : arreter totalement le sport, la marche et me forcer à ne plus faire des mouvements inutiles de compensation (bouger la jambe en position assise, faire les choses debout alors même que c’était bien plus confortable assise)… autant la partie refeeding s’est faite aisement, autant j’ai du litteralement me battre contre mes pensees pour arreter le reste. Mais sincèrement, après une bonne semaine, c’est fini…. Et c’est tellement fini que je n’ai plus du tout envie de faire du sport pour le moment ! jamais je n’aurais cru que c’était possible…
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Peur des aliments caloriques
Alors il y a deux catégories de personnes : celles qui vont manger des aliments gras, sucres et dense en calories MAIS en toute petite quantité, et ceux qui se refuseront à y toucher par peur. Dans les deux cas, il y restriction.
Pour ma part, j’ai lutté longtemps et encore de temps en temps contre cette peur, cette peur indescriptible pour ceux qui ne sont jamais passés par l’anorexie, de manger des aliments que je considerais comme interdits. Il m’a fallu du courage, ne pes ecouter mes pensees pour me forcer à manger un Mars, alors même qu’à cote je n’avais aucun problème à manger proteinée plus calorique mais que j’avais classée dans mon cerveau comme « saine »…. Incroyable.
Là encore, si on considère la theorie de la migration, on peut dire que les peuples migratoires grignotaient le peu rencontré en route, comme des baies, et qu’ils ne pouvaient pas prendre le temps ni perdre de l’energie à chasser pour la viande, beaucoup plus nutritive, par peur de ne jamais arriver au point de survie.
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Manger devient trop emotionnel
On est coincé entre notre desir (besoin vital) de manger, et notre peur visceral de manger…. Bonjour le conflit d’interet autour d’un repas… Et c’est épuisant à force, d’être balayé d’une emotion à l’autre, toujours la peur et la culpabilité au ventre. ET pour lutter contre cette anxiété, on développe souvent des rituels qui permettent d’occuper le cerveau et nous calmer, des règles pour manger : pour ma part, il y avait des horaires precis, ma petite cuillère et mon assiette, une manière de preparer la table…
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L’anxiété de manger
On mange, certes, mais dans un contrôle absolu. Je savais à la calorie près la valeur énergétique de ce que je mangeais, et si ça depassait d’une seule calorie, c’était la panique totale. Et c’est cette anxiété nous pousse à tout prevoir : ce qu’on va manger, quand, comment…
Et pendant la recovery, il arrive encore d’avoir peur de manger « trop » : mais le « trop » n’existe pas en periode de refeeding ! et même après J
La culpabilité de manger
Ca va avec le reste : plus l’aliment est caloriquement dense, plus on culpabilise, et plus on va chercher à compenser.
Il existe aussi le phenomène de « regret », qui laisse un goût amer :quand on s’accorde parfois de manger un aliment qu’on qualifie « interdit », qu’on a economisé des calories pour ça, et qu’au final c’est moins bon qu’on avait rêvé, c’est le drame. C’est même la panique, avec le besoin urgent de se debarasser de ces calories pires qu’inutiles…Se faire vomir, faire du sport, parfois même vouloir se faire du mal pour se faire payer..
Il faut apprendre à « lâcher » ses pensées à ces moments là, parce que ça arrive fréquemment en recovery : les aliments qu’on a fantasmé pendant des années… ben sont juste des aliments, basta.
Body dysmorphie
Je ne me suis jamais vue maigre, à part sur quelques photos, mais pas dans le miroir. Je trouvais même que j’avais du gras sur le ventre etc… et c’est catastrophique, parce que ça n’aide pas à nous motiver pour le refeeding !
Alors il faut apprendre à ne pas faire confiance au cerveau sur ce point : vous ne vous voyez pas réellement. Pas comme tout le monde vous voit.
Faites fi des miroirs. Et surtout pendant la recovery, cachez vos miroirs et faites confiance au process
Hyper conscience autour de la nourriture et du fait de bouger
Avec l’anorexie, on est focalisé sur le nourriture et notamment sur l’assiette de l’autre. Et c’est vraiment bizarre : dans mon cas, ça me faisait kiffer de voir les autres manger les aliments interdits, manger plein de calories, alors que moi j’etais hyper fière de manger moins qu’eux….
De même, j’adorais manger le plus lentement possible, ça durait plus longtemps, ce plaisir de manger.
C’est bizarre cette competition qu’on instaure tout seul dans sa tête : une competition contre les autres pour manger le moins et en faire plus qu’eux (plus de sport, plus de menages, plus d’etudes..) et contre nous même pour repousser nos limites (allez, demain je cours 10 mins de plus) jusqu’à l’épuisement. Comme si notre valeur reposait la dessus… mais concrètement qu’est ce qu’on a à foutre d’être la meilleure à manger le moins ou encore à faire plus de sport ??? ca nous rend desirable ? Pour ma part, je n’ai jamais eu autant de succès avec la gente masculine que depuis j’ai repris un corps voluptueux et surtout que j’ai retrouvé le plaisir ( de manger, de rire, de vivre).
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L’isolement social
Très clairement j’ai perdu beaucoup avec mon anorexie : je ne sortais plus avec mes amis de peur de devoir manger, plus d’invitation à manger à la maison…. Et le temps pris par le sport qu’on s’impose, l’espace mental récupéré par la maladie. Oui on s’isole, parce qu’on a l’impression que personne ne nous comprend, on se fache avec des amis qui tentent de nous faire comprendre qu’il faut manger…
On veut être seul pour satisfaire aux exigences de l’anorexie : eviter de montrer qu’on ne mange qu’une feuille de salade verte, eviter les anniversaires et leurs gateaux, avoir tout le temps pour « bouger » et ne avoir de comptes à rendre à personne.
Des routines regulières et cadrees
J’avais déjà le planning exact de mes semaines, du lever au coucher, mes rituels aux bons horaires, mon sport… quelque soit le jour de l’année. Noel et jour de l’an, levée à 5h pour mes 1h30 de stepper…. Deprimant.
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Grande capacité à mentir
J’ai été devenue la reine des mythos… tout pour survivre. « tu as mangé ce matin ? » et là de raconter que bien sûr, avec un detail pertinent de tout ce que j avais soi disant mangé…
Je mentais tout le temps. « tu manges avec moi ce midi ? » « ben non j’ai une reunion de travail ce midi.. ».
Je m’enlisais dans mes mensonges, qui ne trompaient plus personne de toutes façons. C’était épuisant et très culpabilisant. Je suis bien contente de ne plus avoir à le faire. Et puis plus personne ne me demande si j’ai mangé J
Syndrome du martyr
Un exemple ? un jour de fete familiale, s’auto infliger la vaisselle des 50 personnes invitées… etre la victime auto désignée dans chaque situation, etre celle qui se sacrifie pour tous dans les tâches (surtout manuelles), qui veut en faire plus que les autres… et qui ne profite pas du reste.
Et être super enervée qu’on fasse à notre place : par exemple, mon pauvre mari ou ma pauvre maman qui m’avançaient dans mon ménage pendant que je bossais, c t la crise en rentrant, comme un échec….
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Seuil de tolerance à la douleur elevé
Oui, alors c’est très bizarre, mais pour ma pert, la 1ere fois où j’ai été malade (un rhume), c’était en remission. Clairement, je n’ai jamais été malade pendant mon ano. Pire, je n’avais jamais mal : je me souviens que quand je me suis fais tatouée, le tatoueur hallucinait parce que je n’avais pas mal.
En dénutrition, tous les sens sont altérés, il n’y a plus assez de jus pour ça. ET notamment la douleur physique : si on suit la théorie de la migration, ne pas ressentir la douleur est un stratagème du corps pour continuer de migrer coute que coute.
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Bref.... il est clair qu'avec ces comportements, la vie en société est fortement compromise... idem pour le boulot, ou l'art d'eviter les dejeuner d'affaires qui peuvent compromettre votre place...
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